Thomas Detry après son sacre à la Coupe du monde: "Pas loin des meilleurs"
- Publié le 01-12-2018 à 07h46
- Mis à jour le 01-12-2018 à 20h09
Avec la Coupe du monde de golf, le Bruxellois de 25 ans a signé une saison exceptionnelle. Tout auréolé de son sacre lors de la Coupe du monde à Melbourne, Thomas Detry a fait escale pour quelques jours en… Belgique, histoire de saluer la famille et les amis. "J’ai vraiment besoin de souffler après une saison très intense. Là, je vais m’envoler vers le soleil de Punta Cana, en République dominicaine. Puis, j’irai skier. Je reprendrai les entraînements physiques et techniques en fin d’année."
Dans les salons de son home club du Ravenstein, où il nous reçoit, le Bruxellois tire un bilan très positif de cette année 2018 où il a passé 20 fois le cut en 27 tournois et signé cinq Top 10. "Certes, j’aurais aimé soulever mon premier trophée sur l’European Tour. Je n’ai pas été très loin lors du KLM Open et Turkish Airlines Open, où j’ai chaque fois terminé sur le podium. Dans l’ensemble, j’ai été très constant, comme en témoigne d’ailleurs ma 31e place au ranking européen.
Son sacre à la World Cup, où il était en équipe avec Thomas Pieters, a fait office de bouquet final d’un millésime 2018 grand cru. "C’était magique. On a formé une super-équipe pendant quatre jours. Au début, on prenait cette compétition comme un tournoi amical. On jouait pour le plaisir, en cherchant les birdies. Mais on a rapidement pris conscience qu’il y avait un beau coup à jouer. Et, là, on s’est vraiment concentré. Avec le retour en force des Australiens, le dernier tour a été particulièrement tendu. Mais on a su élever notre niveau au bon moment. Avec Thomas, on joue ensemble depuis les catégories d’âge. On est comme deux frères. Imaginez si on était heureux et fier de gagner ensemble, pour la Belgique, cette Coupe du monde !"
Âgé de 25 ans, professionnel depuis un peu plus de deux ans, Detry impressionne toute la planète golf à la fois par son talent, sa régularité et sa maturité. Il est sur le parcours comme dans la vie : calme, lucide, intelligent. "Je suis en avance sur mon plan de carrière. Mais il me reste encore du chemin à parcourir pour atteindre le très haut niveau. Cette année, j’ai beaucoup progressé dans le petit jeu (wedging, putting…). J’ai aussi acquis une plus grande expérience de la haute compétition. Lorsque je fais un mauvais trou, je parviens à vite chasser les idées noires et à bien me reprendre. En Turquie, lors du dernier tour, j’ai concédé un mauvais bogey sur le 10. Dans la foulée, j’ai enchaîné cinq birdies. En golf, le mental est très important…"
De son propre aveu, il n’est plus très loin des meilleurs. "Je dois encore travailler quelques détails. Être plus solide sous pression. Sortir mon meilleur jeu dans les moments clés. J’ai récemment joué avec des gars comme Noren ou Oosthuizen. Sous pression, ils sont vraiment impressionnants. C’est là qu’il y a encore une différence et c’est dans ces secteurs que je bosse beaucoup avec mes coachs Michel Vanmeerbeek et Jérôme Theunis."
Heureux et épanoui, Tom savoure clairement le moment. Il a le golf dans le sang. C’est sa passion depuis tout gosse et il en a fait son métier avec, en prime, une sacrée réussite.
Cette année, il a gagné plus de 2,5 millions de dollars sur les greens. Mais ne comptez pas sur lui pour attraper la grosse tête. Ce n’est absolument pas le genre de la maison. "Je n’ai rien changé à mes habitudes. Lorsque je rentre à Bruxelles, je loge toujours dans mon petit appartement ucclois, je vois toujours les mêmes potes…"
"Le rêve ultime, c’est gagner le Masters"
Il espère disputer son premier tournoi du Grand Chelem en 2019.
Passé par la filière universitaire américaine, Thomas Detry a acquis une saine mentalité de winner. À l’instar de Thomas Pieters, le jeune homme a de l’ambition. "Je veux progresser pas à pas, mais il est clair que je veux aller le plus haut possible" glisse-t-il, le regard tourné vers le ciel. En 2019, ses objectifs sont scellés dans le marbre. Il les récite sans fausse modestie.
"Je voudrais gagner mon premier tournoi sur le circuit européen, entrer dans le top 100 mondial et disputer l’un ou l’autre tournoi du Grand Chelem…"
La mission n’a rien d’impossible. D’autant que tout peut aller très vite. S’il signe, en janvier, de bons résultats lors de ses premiers tournois (Abou Dhabi, Dubaï et Arabie saoudite), il gravira les échelons quatre à quatre et aura aussitôt accès aux plus grands tournois.
À l’heure d’évoquer ses rêves à plus long terme, il surfe directement sur la crête de la vague. "Le rêve suprême serait de remporter le Masters d’Augusta. Lorsque j’étudiais aux États-Unis, j’ai eu la chance d’assister plusieurs fois au tournoi géorgien. Ce parcours est fabuleux et très inspirant…"
Il se verrait aussi défendre un jour les couleurs de l’équipe européenne de Ryder Cup. Et pourquoi pas avec son ami Thomas Pieters, comme à Melbourne. "On formerait une chouette paire. Ça devrait tomber un jour. En golf, on peut être performant à 40 ans", sourit-il.
Il espère également défiler derrière le drapeau national lors de futurs Jeux olympiques. "Je suis un passionné de sports. De tous les sports. J’ai vibré avec les Diables rouges en Russie. Je soutiens à fond mes amis du hockey en Inde. Je suis passionné de NBA. Alors, évidemment, participer aux Jeux serait un moment unique…"
À terme, il espère aussi évoluer sur le PGA Tour américain qui réunit le gratin mondial du swing. Mais, pour l’heure, il privilégie clairement son destin européen. "C’est là que je dois construire mon palmarès et faire mes planches."
En vérité, Detry se garde de tirer des plans sur la comète. Il veut grandir à son rythme, guidé par son travail et son professionnalisme. Fût-il naturellement doué - sa frappe de balle est l’une des plus limpides du circuit - il sait que, pour briller au sommet, l’entraînement est essentiel, notamment sur le plan physique. "Je bosse ce secteur avec Richard Vanmeerbeek, mais j’ai aussi fait appel au préparateur français Fabien Lefaucheux sur le circuit."
Avec son équipe, il n’omet décidément aucun détail. C’est bien entendu la clé de la réussite dans le golf de haut niveau.